jeudi, mars 24, 2005

Ce matin, j'aurais pu...

... économiser un Xanax.

Au sortir du naufrage glorieux de ma nuit, c'est-à-dire à l'état d'épave que même un naufrageur débutant dédaignerait comme bois flotté, avant même que de mettre un pied sur la terre ferme, je l'ai gobé comme la baleine avale Jonas : sans même y prendre garde.

Erreur.

Devant l'écran du renard familier roulé en boule comme moi, bol de moka/cacao réchauffant les phalanges, Camille en boucle dans la playlist, je commence par les infos et m'énerve devant le vote de la RIF (on tue Man une deuxième fois ), puis je tombe sur Folie privée...

D'abord, on sourit, puis on rit, puis on s'esclaffe, puis on s'étrangle de rire et le moka/cacao finit où vous savez : encore un fait-divers tragique évité de justesse et c'est toujours pas ce coup-ci que je finirai comme Claude François.
Et puis on se dit que c'est décidément trop bon et on remonte le fil de la rivière jusqu'au bout et d'une traite pour redescendre portée par le courant, sans s'épuiser à pagayer puisque tout vous épuise.

Sauf que la source est amère.
Ça sort de terre à gros bouillons, genre geyser islandais.
On rit moins.
Pas du tout même.

Et puis ça revient petit à petit. Au fil d'une pudeur qui se maquille d'ironie cinglante, d'humour ravageur, de refus de complaisance...
Bref.
C'est là qu'on se dit qu'il faudrait peut-être décoller le nez du papier peint, arrêter de brumiser sa souffrance partout comme autant de gouttelettes de sang.
C'est là aussi qu'on se fait une promesse d'ivrogne (provisoirement abstinente) qui est de cultiver la légèreté, la désinvolture, toutes ces élégances de la douleur cloîtrée.

Allez... cet après-midi, je sors. Je m'habille et je sors. Je vais bien trouver une excuse valable, non ? Tiens ! Je n'ai plus de papier Rizla+ Original ! Ça fera l'affaire comme alibi.
Je vais même essayer de tenter mon saut à l'élastique sans un autre Xanax. Pour voir.
Si vous n'avez plus de nouvelles de moi, c'est que je me serais effondrée comme une petite flaque poisseuse sur un trottoir entre chez moi et le bureau de tabac.

De toutes façons, il FAUT que j'arrive à rentrer autrement qu'en rampant, affolée de terreur par tous ces bipèdes insouciants : ce soir, "La Belle et la Bête" de Jean Cocteau, suivi d'un concert de Charlie Haden (101010, si tu m'écoutes...) et Luchini dans "Rien sur Robert" que j'ai déjà vu la semaine dernière mais comme je vais essayer de faire aussi l'impasse sur le somnifère, la nuit risque d'être très très longue...

Nota à l'intention de Folie qui semble développer une forme d'obsession esthétique sur Mark Dakaskos (ce que je ne trouve pas incompréhensible d'ailleurs), je lui conseille de jeter un oeil sur Justin Kirk...
Non, non, je ne saute pas du coq à l'âne. Suivez la logique :
  • La Belle et la Bête de Cocteau...
  • La scène des flambeaux du couloir...


  • La scène "hommage" de Mike Nichols dans "Angels in America" (à voir absolument si ce n'est déjà fait)...

  • La Belle (Josette Day) remplacée par Prior Walter (Justin Kirk)


Même pas honte...

Et hop ! C'était bon, là, comme essai dans la légèreté ?

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