mardi, mars 22, 2005

L'Homme qui est mort de chagrin



Hier, j'ai eu le privilège d'assister à la première d'un documentaire en rapport avec la catastrophe du Prestige (vous vous souvenez tout de même ?).
Depuis hier, des images me hantent.
Un regard halluciné, fou de douleur.
Un corps dont toute force s'évanouit sous les coups de boutoir visqueux du pétrole qui le maquille et l'asphixie en recouvrant son "monde", ses oeuvres.
Des larmes de désespoir mêlées à une volonté farouche qui s'effrite dans une impuissance qui n'a même plus la force de trouver une parade.

Un homme.

L'Homme.

... Man.

"Todos somos Man"... cri de ralliement des Nunca Maís, des Galiciens en révolte, de ces hommes et de ces femmes de l'Océan qu'on assassine comme on a assassiné leur "Aleman".

Et je repense à Thoreau et à sa forêt de Walden.
Thoreau et son manifeste "De la désobéissance civile".
Qu'aurait fait Thoreau si l'on avait déversé de l'agent orange ou du napalm sur sa forêt.
Je crois que contrairement à Man, il ne se serait pas laissé mourir de chagrin et de douleur.
Parce que Thoreau n'ÉTAIT pas sa cabane, son lac ou sa forêt de Walden.
Man ÉTAIT chaque rocher, chaque pierre, chaque grain de sable, chaque friselis d'écume de cette Côte de la Mort dont il avait fait une part de lui-même, dans laquelle il s'était fondu comme dans le ventre d'une mère.

C'est là si vous voulez en savoir plus sur ce film que je ne suis pas prête d'oublier : Compagnie des phares et balises

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