vendredi, juin 10, 2005

Replay

Ce n'est pas parce que je m'apprête à finir le 11ème tome de la Roue du Temps de Jordan qu'il m'est venue l'idée curieuse de remonter ce même temps.
Ça n'a rien à voir avec de la nostalgie non plus.

C'est juste une question de manque.
Comme un trou dans la cage thoracique, celui qu'a creusé la perte de mon disque dur et de toute ma correspondance au mois de Novembre.
Par moment, ça me prend pire que l'envie mordante d'une dose.
Alors j'ouvre Script Edit et mes archives et je régresse avec une délectation qui ne parvient pas à juguler la douleur mais qui tente de la nier.
De la gifler.
De la griffer.
De la vitrioler.

Cette nuit, c'est un peu ça.
Avec une forme de violence sourde que je tente de canaliser parce que je sens le magma monter et que je sais trop les ravages de ces coulées de lave incandescente sur le désert de mes nuits.

Mais finalement, j'ai souri.
Parce qu'il y a un an pile, je me rends compte que je posais mes valises sur une énième plate-forme de blogs après avoir tout cassé de la précédente comme de coutume.
Parce que meurtrie, parce que lâche, parce qu'insurrectionnelle, parce que claqueuse de portes et trancheuse de liens.
Tu t'en souviens, dis, Anne, ma soeur Anne ?

Le 10 juin 2004, j'écrivais ça :
Bien.
Voilà.
C'est fait.

Cartons vidés, étagères rangées, poussière faite, eau, gaz et électricité branchés.
Téléphone sur répondeur comme d'habitude.
Et pont-levis verrouillé plus que jamais.

Finalement, c'est pas si compliqué que ça de changer de lieu, changer de couleur, changer d'environnement, changer de paysage et de couleur de ciel...
De la patience. Recoller les notes une à une dans le bon ordre et avec la bonne date. Vérifier les liens. Pénible mais pas compliqué.

J'ai décidé de me mettre au vert... pardon.... au noir....
Je dois être une très piètre blogmachinchose.... je n'aime pas les contacts. Ou pas longtemps.
Toujours déçue. Toujours lassée. Toujours agacée par la bêtise et la mesquinerie humaine.
Agacée étant bien entendu une aimable litote...

Et quand je me sens "de trop" quelque part (ce qui advient très vite et pour quoi j'ai un flair infaillible), je me tais et je m'en vais.
Je n'aime pas m'expliquer. J'aime encore moins demander des explications.
Je m'en vais. C'est tout.

Du calme. J'ai envie de calme pour réfléchir tout haut.
Pas besoin qu'on vienne faire son cirque dans mes plates-bandes pour se faire mousser comme il se doit dans la blogosphère, comme j'ai pu m'en rendre compte.
C'est fou ce que les comportements ne changent pas, quel que soit le lieu ! Le mien compris !
Ce "donnant-donnant", "tu me linkes et je te linke" ou "je te linke pour que tu me linkes et si tu le fais pas, t'vas voir ta gueule à la récré !", ce marchandage de fausses amitiés, fausses complicités qui n'ont pour assise que la recherche d'un public le plus vaste possible mais malheureusement au plus petit dénominateur commun en terme de qualité....
Ce copinage de mauvais aloi, mauvais sang, mauvaises raisons...

J'en ai eu assez.
Assez de jouer avec ma peau, mes nerfs, ma chair et jusqu'à mes os dans une arène que je ne cherchais pas. Encore moins une estrade.
J'écris parce que c'est ma morphine pour avoir moins mal.
J'aime bien savoir que quelqu'un quelque part est peut-être tombé dessus mais ça s'arrête là.
Je me contrefous des mielleuseries habituelles, des "zibous", des "smooch", de toute cette guimauve satisfaite autant qu'ignorante et oublieuse et superficielle et égoïste et gluante...

Alors allez-y ! Mangez-moi.... mais recrachez-moi bien vite !
Ne me linkez pas ! Ou alors avec de grosses précautions et à bon escient.
Prévenez autour de vous pour éviter l'accident bête : "Attention ! Elle mord ou elle fuit ! Va pas lui dire un mot de travers si tu veux pas te prendre un coup de katana dans l'estomac !"...
Je dégage toute responsabilité...

Et puis je sors d'une grosse maladie qui s'appelle la confiance bloguienne trahie, une fois de plus parce que je n'apprends rien, je n'imprime rien...
Convalescente et encore un poil fiévreuse.
En cure de désintox pour oublier les chiens, les vautours et les punaises...

Pour tout arranger, avec mon sens du timing désastreux, ça tombe pile dans les 10 jours les plus importants de ma vie...
Je n'ai jamais su gérer le temps, ni mes humeurs, ni mes foucades, ni mes effondrements, ni mes lâchetés, ni mes coups de dés, ni mes sauts dans le vide.

Alors ne vous offusquez pas si je ne vous souhaite pas la bienvenue...
Ce n'est pas de l'impolitesse, c'est de la franchise.
Passant qui passe, je ne te connais pas. Je ne sais pas si tu es un ignoble salaud, une merveille d'humain ou une sombre andouille...
Je suis suffisamment inconséquente comme ça sans en rajouter en lançant un naïf "Bienvenue !" qui pourrait me revenir dans les gencives façon boomerang.
J'en viens. Merci !

J'ai quand même fait un effort : j'ai mis un très joli lever de soleil, façon Methode Coué, avec une île fantômatique et peu accessible au centre du Crater Lake en Oregon...
Une image valant mieux que cent discours..

(Source : Signature de bail)
Et je ne sais pas à proprement parler ce qui m'a fait sourire...
Est-ce la similitude du constat sur la blogosphère et des cancrelats qui la hantent ?
Est-ce de réaliser que je n'avais évolué en rien ? Que la bande magnéto est sur un éternel arrêt sur image ?
Est-ce que j'en ressens une fierté stupidement rigide ou un découragement qui justifierait a posteriori la spirale descendante à laquelle je me refuse de résister depuis bientôt deux ans ?
Un peu de tout ça, je crois.
Et pourtant, plus rien n'est pareil.
Il y a la mort annoncée de Georges qui m'a contrainte à une mort différée...
Il y a O. disparu lui aussi mais que je berce dans le nid de mes bras où qu'il se trouve, mais que j'éclaire de loin où qu'il aille...

Ce qui aurait été farceur, en l'espèce, c'est de déménager ce blog pendant la nuit vers d'autres cieux, sous d'autres vocables, d'autres horizons.
Mais comme je n'arrive plus ni à percevoir les cieux puisque les étoiles sont mortes dans mon regard.
Et encore moins un horizon quelconque puisqu'O. ne se dresse plus sur sa ligne, inutile de tomber dans un maniérisme répétitif...

Ah ! Finalement si, il y a une très légère différence.
Ce que j'ai fait il y a un an, je n'ai même plus l'énergie de le réitérer aujourd'hui...
A quoi bon...
Usée jusqu'à la corde qui me pendra.

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