samedi, mars 12, 2005

La femme qui habite un fauteuil

Elle a deux grands yeux qui me dévorent sans m'accuser.
Elle a deux grandes oreilles aux pavillons complaisants à mes lacérations.
Elle a une petite bouche qu'elle entr'ouvre avec parcimonie et d'où ne sortent ni serpents, ni crapauds, ni diamants, ni roses.
Elle doit avoir de petits pieds sous son grand bureau mais je n'ai pas vérifié.
Elle ne me serre jamais la main quand je pénètre dans son antre mais toujours quand j'en sors.
Elle aime les tentures d'Amérique du Sud et les lumières chaudes.
Elle a une affiche du festival de rue d'Uzès qui date.
Elle a une voix dure au téléphone.
Elle promène son silence dans mes silences et leur association est d'une musicalité qui me touche..
Elle attend, comme en suspens, à l'affût de mes traversées en solitaire et de mes dégoûts en collectivité.

Elle est mon "étrangère-intime".

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Quel beau texte. Zed