On se raconte pour ne pas oublier à quel point nous sommes ligotés par ces mots qui nous extirpent de notre solitude, de notre angoisse, de notre insuffisance, à quel point nous sommes ces êtres qui ne peuvent exister que pour et par autrui, son echo, sa résonance, son regard.
Le trop de parole nous maquille, nous offre tous les jeux de masque, toutes les danses du corps parlé.
Pour ne pas vaciller, pour ne pas tomber là où le silence règne, lieu sans désir autre que l'autosuffisance.
L'ivresse de la parole nous permet de ne jamais dessoûler, de ne pas nous exposer à notre solitude.
Tisser des liens avec des mots, les coudre les uns avec les autres.
Mais quand tu parles, si tu parles, tu sais qu'il y a un gouffre entre ce que tu dis et ce qui est dit.
Parler te divise, te coupe, te dédouble.
Parler te sépare de toi-même et nie le silence qui, lui, te sépare des autres.
Impossible unité, insaisissable rencontre.
Opacité et duplicité de la parole, transparence et vérité du silence.
Transparence et violence.
Douceur et douleur de ton silence.
De nos deux silences.
dimanche, janvier 16, 2005
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