jeudi, octobre 21, 2004

Veille

Je suis allée voir mon père comme les jours précédents dans cette chambre de clinique que nous trouvons également débilitante.
Ce doit être le cas de tout milieu hospitalier, je suppose.
Demain, nous rentrons. Je le ramène chez lui, auprès de ma mère, et je passerai la journée avec eux, histoire de vérifier que tout va bien, faire quelques courses en vu du week-end en attendant que les voisins prennent le relais pour la semaine, veiller à ce que rien ne cloche, rien ne soit une difficulté supplémentaire, un écueil facilement contournable.

Je l'ai trouvé différent. Fatigué, certes, et ce n'est pas étonnant avec deux opérations en 10 jours, aussi longues, aussi lourdes, aussi traumatisantes.
Mais pas uniquement cela. J'y ai vu comme une forme de résignation inquiétante, déplaisante même.

C'est très précisément ce que je crains.
Que cette fatigue, que la perte de certaines facultés physiques, ne soient comme "la maille du bas qui file", la sirène tentatrice vers un non-désir de vivre.
L'appel du vide est une constante qu'on ne perçoit que lorsqu'il est trop tard pour échapper à son attraction.
Trou noir de la vie qui ne se justifie plus, que rien ne justifie.
Repoussant, fascinant et tellement séduisant.
Je le connais par coeur mais ce n'est pas une raison pour m'instaurer son guide dans ce voyage sans retour.

Son oeuvre au noir commence.
La mienne pourrait bien être vécue en parallèle, comme une contre-allée discrète, masquée par les arbres ou les ronciers.
Est-ce que l'accompagner dans ce dernier voyage signera ma perte ou ma résurrection ?

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