dimanche, mai 01, 2005
La nature a horreur du vide
Chaque matin, elle sentait le trou dans sa cage thoracique.
Chaque matin.
Elle avait beau essayer de refermer les yeux et de faire comme s'il n'était pas là, de faire comme si l'anti-matière en elle n'existait pas, c'était trop tard.
Il aurait fallu ne pas se réveiller...
Jamais...
Enfin...
Elle ne saurait jamais si c'était son corps qui s'était défendu de la seule manière qu'il avait pu dénicher, en bête affolée prise au piège.
Combler le trou avec une tumeur.
Évitement tortueux.
Expédition punitive.
Sauf que ce serait un peu plus long avant de ne plus jamais se réveiller face à la béance en elle.
L'absence en elle.
En attendant, les yeux fermés, elle remplissait ce vide avec un ciel, des étoiles, ailleurs, au bord d'un lac alpin à l'onde surnaturelle.
Morphine intime en suspension qui lentement s'instille dans ses veines où coule un sang noir d'ébène et de deuil.
Et il se construisait, ce paysage intérieur.
Patiemment.
Par petites touches.
Un peu à la manière d'un Seurat.
Une fois sa toile intérieure peinte, elle se retirait profondément en elle et s'allongeait sur l'herbe rase des rives du lac, la joue posée sur cette terre inconnue, chaude et palpitante comme sa poitrine à lui.
Elle écoutait battre le coeur de sa terre, battre son coeur à lui.
Et la mélopée bourdonnante du sang qui pulse, des moindres petits froissements de muscles, de la plus petite respiration, finissait par lui offrir un autre sommeil en attendant la torture d'un autre réveil.
D'un autre matin.
Demain matin.
Encore un.
Grâce...
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