Je viens de regarder la cassette... et j'ai repassé cet extrait de multiples fois, d'abord parce que je ne suis pas sténo et que je ne voulais pas rater un seul mot, ensuite parce que j'en suis restée bouche-bée...
Schneidermann : Donc quand Etienne Chouard dit "Si c'est illisible, je ne signe pas"...Je ne sais pas pour vous, mais comme dirait Jojo l'Affreux "Ita missa est"...
Versac : Ben non, moi je lui dirais "Abstenez-vous"...
Etienne Chouard : Ben non. Quand on s'abstient, on laisse les autres voter à sa place. Non ! Non ! Il ne faut pas accepter l'abstention. Sur un texte aussi central qui détermine aussi directement nos libertés, notre protection contre l'arbitraire, il est vraiment essentiel que chaque citoyen puisse lire le texte et le contrôler...
Parce qu'on va dépiauter le truc en question maintenant.
La discussion tourne donc autour de la lisibilité ou de la compréhension du texte.
Première interprétation : le texte est illisible.
La faute à qui ? Au lecteurs ou aux rédacteurs ? Aux seconds, c'est l'évidence !
Donc, si les rédacteurs ont fait un boulot de saloupiots, c'est le lecteur qui doit être pénalisé en lui interdisant de se prononcer ?
Waouh ! J'avais pas vu la démocratie comme ça...
Même pendant nos chères études, quand on rend un devoir illisible à son prof, on se le reçoit dans les gencives tel un boomerang avec un sec "A Refaire ! Et t'as deux jours pour me présenter un travail correct sinon c'est quatre heures de colle !"
Deuxième interprétation : le texte n'est pas compris.
Pareil.
Invitation faite à l'électeur d'aller à la pêche puisqu'il en est devenu un citoyen incapable, le pauvre ! C'est vrai quoi ! On va pas laisser les crétins voter, quand même !
A la limite, je me demande pourquoi on ne rétablit pas le suffrage censitaire ou un test genre QI pour avoir le droit d'avoir un avis... ce serait tellement commode !
C'est beau comme de l'antique ! Et tellement révélateur de cette arrogance qui rentre parfaitement dans le cadre de ma liste de "conditions pour être un bon oui-ouiste" !
Je passe (parce que je suis bonne, façon Haroun El Poussah) sur la bourde colossale qui consiste à promouvoir l'abstention, fléau mortel et virus HIV de toute démocratie vivante et contre lequel tout pays libre qui se respecte lutte avec acharnement.
C'est pure charité de ma part : on ne tire pas sur une ambulance...
Monsieur Versac a sûrement un brillant avenir de cadre commercial mais pour ce qui est de la citoyenneté de base, je lui préconise un très très très long stage, genre devoirs intensifs de vacances.
Ça tombe bien, l'été est à nos portes.
Et pour le plaisir...
Schneidermann : Jusqu'au dernier moment, vous pouvez changer d'avis ?!
Etienne Chouard : Mais bien sûr ! A partir du moment où on réfléchit et on écoute les autres, il faut qu'on soit prêt à changer d'avis. C'est un a priori essentiel. Si je discute en sachant que je ne vais pas changer d'avis, la discussion est close...
Choisis ton camp, camarade !
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