mardi, mars 15, 2005
Archéologie intime
Et toujours The Divine Comedy, discographie complète, qui tourne inlassablement dans ma playlist de winamp...
Et toujours pas les mots pour dire la soie et le velours de la voix de Neil Hannon.
Et toujours pas l'expression exacte, celle qui n'a pas de soeur jumelle, pour raconter les images, les souvenirs, les odeurs et les saveurs, âcres ou douces, qui remontent à la surface quand j'entends "Victoria falls" ou "Gin-soaked Boy".
Ne pas insister.
Attendre que le flot coule s'il doit couler.
Je feuillète un album de famille, extirpé du confiturier où je l'avais exilé.
Jaillissant des feuilles cartonnées, couleur d'ardoise, qui exhalent un souffle de l'eau de fleur à la violette de ma mère, un sourire qui m'éclabousse de la fraîcheur de ses 36 ans triomphants.
Il est toujours là, ce visage au front interminable, au nez dont la rectitude n'a rien à envier à la pyramide de Khéops.
Là, sous tous les autres, celui de 50 ans, celui de 60 ans, celui d'avant le 8 octobre dernier et l'opération qui l'a fracassé sans parvenir à en détruire totalement l'ossature parfaite, celui des 83 ans qui se reconsolide lentement.
La lumière des yeux gris est la même, avec un soupçon de mélancolie qui ne s'écoute pas gémir.
Le sourire, même déformé par la semi-paralysie, garde son ironie adoucie par une tendresse de fauve.
Le sourcil faustien est intact, ponctuant de sa ligne sinueuse ce regard qui ne fuit jamais.
Il est toujours là ce visage.
Beau pour l'éternité.
Comme le masque d'or de Toutankhamon.
Tous les visages de mon père.
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