Je saute de sites en sites, de fils de news en fils de news, de blogs en blogs.... et j'en ai par-dessus la tête de cette loghorrée ahurissante au sujet des élections américaines !
Un tel entassement d'idées simplistes, de certitudes prétentieuses, d'ignorances géo-politiques... c'en est effrayant... si quelque chose pouvait encore m'effrayer.
Il y a quelques années, je me serai peut-être jetée dans la bataille, incapable de tenir ma langue dans la poche, et pour le plaisir de voler dans les plumes d'imbéciles sûrs d'eux.
Là : rien.
A peine de l'agacement. Beaucoup de lassitude et un sentiment d'inutilité qui pollue tout.
A la limite, je préfère encore relire Chomsky. Même du vieux, comme "L'Amérique et ses nouveaux mandarins" qui doit dater des années 60 ou 70.
Belle lurette que je n'interviens plus dans le cloaque qu'est devenu fsp, bien longtemps que je n'entre plus dans des débats stupides où la mauvaise foi et le défaut d'information sérieuse se le disputent dans l'échevelé qui s'emporte et tempête.
Et puis, j'en ai assez de ce défaut d'analyse, cette absence de recul.
Il faut toujours répondre à chaud, avoir une réponse immédiate, rétorquer du tac au tac : vaincre, pas convaincre.
Moi, je demande le droit essentiel de dire "Pouce ! Avant de te répondre, je veux avoir les éléments en main, les lire, les relire, les étudier... et quand je serai certaine d'avoir une opinion qui tienne la route sur la foi de renseignements fiables, sur le socle d'une perspective historique, je te réponds...".
Mais ça, c'est fini !
La télé est passée par là, avec cette rapidité qui simplifie tout, ce manque d'analyse, cette promotion idiote de l'émotif, du spectacle, du "Show the freaks !"...
Et je réalise que les deux seules personnes avec lesquelles je veux parler de tout ça, du monde, de son avenir ou de sa perte, ce sont mon historien/géographe de père mourant et mon amour de géographe absent.
Les seuls avec lesquels je suis certaine que la discussion serait riche, intéressante, passionnante... à défaut d'être en capacité de changer la face du monde.
Les seuls "autres", "autres de moi-même", "autres moi-même", alter ego...
C'est effrayant.
Une planète de milliards d'habitants et seuls deux hommes à qui j'ai jamais désiré parler, avec qui je me languis de partager, en qui j'ai confiance, sur qui je m'appuie.
En fait, plus qu'un seul.
Celui qui se meurt.
Après ça, viendra le silence définitif.
Silence déjà présent, ultime défense face à l'angoisse et la terreur de la menace de disparition, devant le trou noir de la séparation, le trou noir de la psyché.
Silence qui enferme, autoenferme et pétrifie dans une fixité de pierre.
Silence comme une absence à soi-même et à l'autre de soi-même.
Finalement, je me demande si le silence n'aiguise pas l'expérience douloureuse que l'on fait de sa propre disparition, et qui s'accompagne de cette complète incapacité à pouvoir garder quelque chose d'autre.
Incommunicabilité, incapacité à retenir.
Alors, pour ne pas se dissoudre, se perdre.
mercredi, octobre 27, 2004
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