mardi, mai 31, 2005

Beautiful freak

Aujourd'hui, tu savais intuitivement que le tonnerre gronderait.
Alors tu as mis tes yeux en fonction gris orage.

Tu savais que ce serait dur.
La décision était prise depuis la veille.
Pourquoi est-ce que tu as failli écrire "déchirure" au lieu de "décision" ?

Réveil 4 heures avant le rendez-vous avec la femme qui habite un fauteil.
C'était le minimum vital pour que les 2 ou 3 anxios fassent leur boulot d'avant-Kleenex.
Même si tu savais déjà que tout déborderait, que tout s'écroulerait au fil de ce que tu avais à avouer.
Mais tu te l'étais juré.

Deux secrets monstrueux.

Un qui ne passera jamais la barrière coralienne de tes dents serrées parce qu'il n'est pas le tien.
Requin "mangeur d'hommes". Même si c'est de l'ordre de la chimère ou du conte pour enfant.
Parce qu'il est celui d'O.
Parce qu'il est la seule chose qui te reste en propre de votre histoire.
Parce que tu jouis d'en être la seule dépositaire et que la jouissance est quelque chose qui t'est devenu si étranger que tu ne peux te résigner à n'en pas garder cet ultime don absolu qu'il t'a fait, à toi seule, pour toi seule au monde.
Comment renoncer à être l'unique dépositaire d'un secret aussi lourd, aussi hors de notre temps ?

L'autre.
La monstruosité de ton esprit malade et tortueux.
Le symbole du dégoût profond que tu t'inspires.
La capsule de cyanure de la Reine de L'Aigle à deux têtes de Cocteau.
Celle que tu portes en toi dans un mélange de terreur devant ce qui t'attend probablement, et de parfaite adéquation avec ce qui vous a séparé, lui et toi, parce que tu as tranché, coupé, amputé, avant l'indicible gouffre qui vous a séparé.

Et tu l'as fait.
Tu le lui as dit.
Et elle est restée stupéfaite, de toute évidence, devant une telle décision, une telle démission qui ressemble tant à de la détermination, une telle autopunition.
Tu te doutais qu'elle le vivrait ainsi.
Tu le savais mais tu ne t'attendais pas pour autant à un tel abassourdissement, ni au fait qu'elle te garde presque une heure face à elle.

Et voilà qui te confirme que ton silence a une bonne raison.
Personne ne peut comprendre ta résolution.
Personne.
Personne ne peut l'accepter.
Tu l'as sentie suffoquer sous le poids de la révélation.
Et ses questions sur ton expérience du crabe autour de toi n'étaient que les confirmations que ce que tu avais décidé d'affronter dans l'isolement et le silence absolu lui semblait abhérant, monstrueux.
Même si elle n'a jamais prononcé ces mots.
Même si elle ne t'a pas traitée de monstre.
Tu ne crois pas qu'elle le pense, au demeurant.
La seule parade quasi désespérée qu'elle t'a opposée, c'est de tenter de t'effrayer.
Te dire à quel point cette fin-là est horrible, monstrueuse. Comme une solution ultime devant cette résolution farouche qu'elle devine en toi et contre quoi elle réalise à peine qu'elle va devoir se battre jusqu'au sang.
Alors que tu te sens tellement monstrueuse qu'il te semble justement que cette fin-là est en parfaite adéquation avec ce que tu te sens être.
Pourtant, elle a du tout voir de son fauteuil.
Le pire.
Le pire du pire.
Mais tu as conscience de l'avoir ébranlée quelque part.
Et comme de coutume, tu t'en veux.
Même si elle est là pour ça.

Oui, tu nourris la mort en toi et tu la laisses prospérer sans lui opposer une quelconque résistance.
Oui, tu la souhaites et tu l'attends.
Oui, tu la vis comme la juste rétribution de ce que tu es comme de ce que tu n'as pas été capable d'être.
Oui, tu l'alimentes, la cajoles et l'espères.
Oui, elle est le symbole de ce qui t'a séparé d'O.
Oui, elle est le symbole de ce qui te rapproche de Georges.
Oui, il te tarde que la souffrance physique prenne tant de place que tu en oublies l'autre, la souffrance morale.
Ne plus souffrir pour rien ou pour personne.
Quelqu'en soit le prix à payer.

Lapidez-moi si ça vous chante.
Pour injure caractérisée à ceux qui se battent contre Lui, ce crabe qui vous terrorise tant..
Lapidez-moi si ça vous chante. Je ne vous dénie aucun droit.
Ainsi, ça viendra plus vite.

lundi, mai 30, 2005

The Party's blog...

Je viens de tomber sur un truc de fou... heureusement pas trop tard ce qui fait que je n'ai que 5 mois d'archives à remonter dans le temps (mais après avoir foutu la pâtée à Darth Vador quand même !).

C'est là : Blogalisation

Question : est-ce que le Professeur Hrundi doit son pseudo au génial Hrundi V. Bakshi de The Party de Blake Edwards, interprété par l'inoubliable Peter Sellers ?
Ce type est un concept à lui tout seul...




Indécrottables...

Il se bouchent les oreilles à défaut de changer de cerveau.

Depuis hier soir, chacun essaie de sauver ses fesses dans un sauve-qui-peut général qui serait risible s'il n'était tout aussi méprisant que dramatique pour l'avenir de ce pays.
A croire qu'on a vraiment "l'élite" la plus stupide qui soit !

Ils se prennent une gifle retentissante qui expédierait King Kong valdinguer dans les cocotiers mais ils font comme si de rien n'était.
"Vote d'exaspération", "vote d'incompréhension", "vote de grogne sur les questions intérieures"....
Hé, ho ! Les gars ? Youhou ? Y-a-t'il quelqu'un dans ce qui vous sert de boîte cranienne ?

Tous les sondages sortie des urnes démontrent que c'est bien à la question posée que les 55% de Français qui les ont fait valser dans les cordes ont répondu dans leur immense majorité et non pas, comme politiques et journalistes font semblant de l'ignorer en continuant à ne poser de questions QUE sur la politique intérieure qui va suivre, par rejet de nos Averell et Joe Dalton, respectivement tenanciers de l'Elysée et de Matignon.

Mais non. Ils se fichent comme de leur première trotinette de la réalité, s'accrochant dur comme fer à leurs "croyances".
Parce que ça les sauve.
Parce que ça les dédouane.
Parce qu'ils ne peuvent même pas envisager d'avoir tort.

Je me demande ce qu'il leur faudrait pour qu'enfin, ils aient le courage de se regarder dans un miroir.
Et ça fait peur !
Parce que sur ce coup, s'ils ne se réveillent pas et continuent d'ignorer les voix des urnes ou d'en détourner le sens en proclamant savoir, eux, ce qu'il en est de leurs motivations, on court le risque que ça ne se passe beaucoup moins pacifiquement.
Et j'ai bien l'impression qu'ils ne comprennent toujours pas que c'était leur dernière chance.

Tiens... joli billet de David Abiker sur le même sujet .

A part ça, ce qui me fait quand même hurler de rire, c'est de lire nos starlettes de la blogobourgeoisie oui-ouiste s'arracher les cheveux, trépigner de leurs petits petons, se rouler par-terre, pleurnicher, se vider de leur bile ou bouder depuis hier soir.
J'avoue que le spectacle de leur incompréhension ("Quoi ? Moi, penseur brillant avec gros chéquier et influence internationale avec mon blog à moi que je suis génial et que je l'ai fait tout seul et que y'a même des bouquins qui en causent et qu'on m'a même cité dans "Jeune et Jolie", on ne m'a pas écouté ??? Oiiiiiiiiiin ! Bande d'abrutis, je vous hais !") est un régal de fin gourmet.
Mouahahahaha !
Là, j'avoue que je bois du petit lait...
Petits, tout petits courtisans d'un monde de paillettes qui ne rêvent que de "célébrité médiatique", comme de vulgaires Loana ou Jerry de la Vega, donc pas plus haut que leur cul...
Ahhhhhhh ! Ça fait un bien fou de voir exploser ces baudruches !

dimanche, mai 29, 2005

Alain... où que tu sois....

Je me souviens d'Alain.
Il était blond ou châtain très clair, maigre, grand.
Une barbe pas très abondante. Clairsemée, pas christique pour autant.
Il ne le sait probablement pas, mais lui et moi avons fait la Une de Libé un certain mois d'Avril 95.
J'ai l'original du cliché parce que ma soeur, parisienne et voisine de Libé, l'a obtenu. Il est sur le manteau de ma cheminée depuis des années.
Ce qu'il y avait de très surprenant avec lui, c'est que d'habitude, il était incroyablement poli avec les filles, même avec 8 litres de rosé dans le corps, et que ça détonnait.
Parfois, cependant, dans de grosses crises, il lui arrivait de nous injurier de la pire façon qui soit. Mais c'était très rare.
Je n'ai jamais réussi à percer le mystère sur ce point-la. Où était sa vérité. Dans ses insultes ou dans sa courtoisie ?

Alain, tous les matins, on le voyait arriver sur le perron impressionant quoique brinquebalant et en ruines de l'immeuble abandonné qui nous servait de QG, devant l'ancienne majestuosité de ce lieu perdu, splendeur en ruines, avec de nouvelles plaies (je sais.... je sais... c'est probablement le "lieu" du cauchemar.... vous croyez vraiment m'apprendre quoi que ce soit ? Je sais tout de moi... Pas besoin de vos interprétations.... même ma psy s'en est rendu compte ! C'est tellement lassant de se raconter telle qu'on se sait ! Rien à apprendre.... jamais...).
Généralement sur les biceps ou les avant-bras (mais on n'a jamais eu ni la témérité ni l'indécence de lui demander de se déshabiller pour savoir ce qu'il en était du reste de son corps...)

Tous les matins, il nous disait invariablement "qu'il s'était écorché sur un clou dans l'escalier".
Tous les matins, on ne rétorquait rien. On lui offrait une tasse de café et un sourire.
Il n'y avait aucun clou dans la cage d'escalier.

Un jour, Alain, qui m'appelait son "ange blond", m'a dit : "Tu sais, Princesse, je joue avec des couteaux. Mais c'est mon affaire. Me demande rien. Et tu resteras ma princesse".
Depuis, j'ai la même devise. Je joue avec des "couteaux", mentalement mais je refuse à quiconque de m'en dénier le droit.

Un jour, Alain a disparu de notre squatt, d'une minute à l'autre. On l'a cherché partout.
J'avais peur.
Mais une peur que vous ne pourrez jamais imaginer.

On avait déjà du décrocher "Khada" après sa pendaison.... pas beaucoup plus pour qu'on plonge.
Une peur incontrolable, animale.
Vous savez ce ce que peut être un corps connu qu'on décroche d'une poutre, pantin sans vie, lourd, si lourd ?
Si lourd qu'il va désormais peser sur tout dans votre vie ?
Si lourd, si pesant, alors qu'il se sentait si peu.
Si peu.
Rien.
"Je suis rien".
Leur leit-motiv.
Pas "Je NE suis rien". "Je SUIS rien".
Et ça veut tout dire, pour qui sait comprendre.

J
amais.
Jamais je n'ai eu de nouvelles d'Alain qui me prenait dans ses bras quand je pleurais de rage ou de douleur, d'Alain qui se faisait cerbère si qui que ce soit faisait mine d'approcher "'sa princesse", d'Alain qui pouvait être d'une intelligence d'analyse de la situation qu'il nous foutait tous par terre, nous les activistes, les barricadiers bénévoles.
Jamais, jamais plus jamais je n'ai entendu parler d'Alain qui a disparu un beau matin et que je rêve de retrouver.

Il m'avait dit que j'étais spéciale.
"Et qu'il n'y aurait que quelqu'un de spécial pour être capable de t'aimer."
Il avait raison. Alain avait raison.
Il avait toujours raison parce qu'il savait le coeur battant des choses.

Un jour, on m'a dit qu'on avait découvert un SDF mort sur les bords de la Loire dont la description correspondait traits pour traits à celle d'Alain.

Je ne veux pas le croire.
Je refuse de le croire.
Je refuse.

Alain est vivant.
Quelque part.

PS : à La Lune et à Chiboumette... c'est un tout petit bout, je sais. Mais la seule chose que je sois capable de "sortir" pour l'instant...
Je me demande si c'était pas déjà trop....
Je ne me le demande même plus. J'en suis sûre. J'aurais pas du. Ça n'est pas du domaine du "partageable"..... et j'en suis désolée.

PS2: pour Alain, pour tous les autres SDF, pour moi, je dis non à ce TCE qui signifie notre soumission pour des décades et des décades.

samedi, mai 28, 2005

"Jacquot m'a tuer"

Décidemment, le loustic est plus drôle chez les Guignols...

Conclusion

N'hésitez pas à relire les archives depuis mars 2005... aucune raison de se priver d'une bonne crise de fou-rire par les temps qui courent.

Et encore une fois, pour le plaisir et pour la route : "The Yes needs the No to win against the No"
Mouahahahaha ! JP, tu auras été impayable jusqu'au bout !
La dernière en date :
"Votre voix est indispensable. Chaque voix compte. Allez voter et faites voter, surtout si c'est pour le oui", a-t-il déclaré en leur lançant, sur le ton de la plaisanterie, qu'ils pouvaient conseiller à ceux qui hésitaient pour le non "d'aller à la pêche" plutôt qu'aux urnes. "Un non qui s'abstient, c'est un bon non. Un oui qui vote, c'est un bon vote", s'est exclamé M. Raffarin.

Conseiller aux tenants du "Non" d'aller à la pêche à la ligne à la traîne d'un Versac... tu auras vraiment fait très fort jusqu'au bout.... merci, mon lapin !

Sur ce, je vais faire le plein de mousseux en prévision de l'énorme fou-rire qui va me prendre à lire chez nos starlettes blogobourgeoises les prévisibles éructations de notre Magnifique Élite si bien décrite par Michel Onfray.
Je suppose qu'ils noieront leur rancoeur dans du Mumm's Cordon Rouge... les pauvres...

Et j'irai passer mon dimanche avec ma nonienne de mère et mon ouiste de père qui a résisté vaillamment à mes sirènes, avec intelligence, respect, absence de démagogie et honnêteté intellectuelle...
Parce qu'il le vaut bien.

mardi, mai 24, 2005

Selon que vous serez puissant ou misérable...

Tout le monde se souvient de l'affaire Terri Schiavo et de la mobilisation urbi et orbi de Bush pour empêcher qu'on ne soulage cette pauvre femme en état végétatif depuis plus de 15 ans...
Même Jojo l'Affeux (non, je ne l'appelerai jamais Benoît XVI) y est allé de sa larmichette auprès des parents confits en dévotion de cette pauvre jeune femme, enfermée dans un corps qui ne répondait plus...

Or, je tombe là-dessus :


Questions :
  1. Est-ce que Bush va faire quelque chose pour sauver cette femme dont le seul "crime" est d'être la soeur d'un assassin ?
  2. Est-ce que Jojo l'Affreux va lancer un appel pour sauver cette innoçente ?
  3. Est-ce que le fait d'être la soeur d'un criminel fait de vous une citoyenne au rabais, une lépreuse dont la survie importe peu ?
J'ai toujours envie de vomir, mais, là, plus que d'habitude...
Parce que ça ne fait aucunement la Une des journaux, parce que personne ne se mobilise, parce que tout le monde se fout que cette femme en crève, parce que ce n'est que "reculer" une exécution (déjà condamnable en soi) et non pas l'annuler.

Parce que c'est demain que Gregory Scott Johnson sera exécuté.... et sa soeur, totalement innocente, avec lui par ricochet...

Étonnez-vous que je bouillonne de rage après ça...

lundi, mai 23, 2005

Liens défaits

Un jour, je ne sais plus quand, j'ai dit que je n'écrivais pas un blog mais que je construisais un tombeau avec des mots.

Aujourd'hui, je me demande si c'est un tombeau ou un cachot.
Lentement mais sûrement, la liberté d'écrire est remplacée par ce qu'on a fait (ou pas fait) de soi, par ce que les autres ont fait (ou pas fait) de nous.
Parfois on se met à écrire comme les autres veulent qu'on écrive. On devient le recopieur, le perroquet mécanique de ses propres textes, de ses propres obsessions. On n'arrive plus à se surprendre de ce que l'on écrit.
Dagerman explique mieux que moi ce sentiment : on croyait être libre alors qu'on ne finit par ne plus être que l'ombre de son nom, l'ombre de son écriture.
Romain Gary avait la même taraudante inquiétude (et il a fini comme Dagerman). Il aurait tout fait pour devenir un autre écrivain. Et il a fabriqué son double, Emile Ajar, pour ne plus être le Gary Goncourtisé (double jeu de mot...).

Je lis Sophie Calle et son merveilleux "Douleur exquise".
J'en reparlerai sûrement quand je l'aurai intégré, digéré, fait mien.

Cet après-midi, j'ai raconté à la femme qui habite un fauteuil la double nature de l'alcool. Cette sensation à la fois de surpuissance, de vie amplifiée, intensifiée et, en même temps, ce sentiment de souillure intime et nauséabonde qui devient aussi attirante que l'intensité désinvolte recherchée. Éperdument..
Et pourquoi cette souillure confirme le dégoût que le suicidaire peut avoir de lui-même. Qu'elle est la preuve a posteriori de l'échec et de la répulsion. Qu'elle est le supplice et la punition qu'on s'inflige pour n'être que ce que l'on est et pas mieux. Qu'elle est le prix à payer quand on veut tout donner et qu'on vous demande si peu alors qu'on se sent capable de tout, de soulever des montagnes, de détruire un monde de médiocrités convenues.
Et que le mélange de surpuissance, de vie radicalisée au point d'incandescence avec la souillure originelle fait un cocktail détonnant et diablement séducteur.

Après, je suis allée acheter trois litres de rosé et de la limonade pour prendre mon temps avant d'atteindre l'état de calme blanc comateux.
Et un bonzaï pour me punir parce que je hais l'idée qu'on torture des arbres comme on torturait les pieds des femmes chinoises il y a des siècles.
Et puis une étagère d'angle en fer forgé noir et plateaux en forme de portions de camembert de rotin doré, parce qu'elle était assortie aux deux meubles à tiroirs que j'ai déjà dans ma chambre. Même si je n'ai nullement la place de l'y mettre. Elle va rester debout, dans son emballage, contre les canisses qui tapissent les murs. Histoire de me ridiculiser encore un peu plus.
Et puis des vitamines pour faire semblant.

Je suis rentrée.
J'ai ressorti le Sophie Calle de mon grand sac fourre-tout.
Il est là, sur mon lit, sa couverture grise et rouge m'attirant comme un aimant, le brillant de sa tranche d'un carmin qui semble comme une flaque de sang.

Il faudrait que je réponde à mon frère qui s'inquiète de mon silence.
Je ne sais pas renouer les fils.
Je ne sais plus le faire.
Je suis immobilisée, impuissante, statue de lave solidifiée devant les liens défaits.



jeudi, mai 19, 2005

Mea culpa




"You are not a beautiful and unique snowflake.You are the same decaying organic matter as everyone else, and we are all part of the same compost pile."
Chuck Palahniuk - Fight Club



Je vous préviens : ça ne va pas vous plaire...
Tant pis. Il faut que ça sorte d'une manière ou d'une autre.

Ces derniers jours, tel un gri-gri vaudou, j'ai lu et relu "Notre besoin de consolation est impossible à rassasier" de Stig Dagerman.
Je ne vois pas comment lui échapper puisqu'il est non seulement en lien dans ma colonne mais perpétuellement sur moi dans mon portefeuille.

Si j'écris, c'est pour m'approcher d'une vérité qui risque toujours de m'expulser de son centre, parce qu'elle ne supporte pas qu'on ose s'aventurer aussi loin dans les chemins de la compréhension comme de l'incompréhension.

Le suidice est une manière comme une autre de quitter la vie.
Dagerman pensait que le suicide était la seule preuve de la liberté humaine.

Le suicide n'est pas un sujet morbide, ce n'est pas non plus quelque chose d'absolument incompréhensible, d'indicible, d'inavouable.
Le suicide n'est pas un mode de vie, un geste lâche, un simple abandon.
Le suicide est un acte accompli le plus souvent dans la plus terrible des solitudes. Mais pas toujours.
Il est l'aboutissement d'une reflexion, parfois longue et pénible.
Souvent, en fait.
Au terme de cette reflexion, l'individu pourrait décider de poursuivre sa vie, mais ce n'est pas toujours le cas.
Le suicide n'atteint pas seulement les couloirs de la raison. Ainsi, on ne peut pas dire qu'il y ait des suicides philosophiques ou totalement rationnels.
Le suicide est ailleurs, hors philosophie.

Il y a pour donner un sens à notre existence, des centaines de solutions.
Une religion peut faire l'affaire (râpé en ce qui me concerne).
Une femme ou un homme peuvent nous maintenir en vie.
Une parcelle d'espoir.
L'autre.
L'ascèse.
L'orgie, les plaisirs, la liberté toute proche.

La mer ou l'océan et ses vagues.
Une clairière ou un lac de montagne.
Un film, une poésie, une lettre, une carte postale qu'on serre convulsivement contre son coeur, une photo, une promesse, faite il y a deux jours comme il y a deux cent mille ans.

L'humain s'accroche à du sens. L'humain invente des sens.
Ce qu'on oublie de dire, ce qu'on oublie de signaler, c'est que toutes ces solutions ne sont jamais là devant nos yeux écarquillés de consomateurs compulsifs..
Jamais.
Devant nous comme des marchandises dans des magasins.
Il ne suffit pas de tendre la main.
Il ne suffit pas de demander pour avoir.


On pourrait dire la même chose de l'amour de soi.

Il faudrait que nous puissions nous oublier.
Beaucoup.
Et l'humain n'est pas toujours en mesure de s'oublier. Il lui arrive d'en être strictement incapable...

La mémoire de ce que l'on est peut figer l'être au point de l'empêcher d'exister.


Edit du matin pas franchement frais
: (3:20 quoi...) :

Euh.... Je ne retire rien mais je ne me sens pas franchement bien d'avoir craché mon venin comme ça....
Alors je module avec ce qui me tombe sous la main....
Oui... je sais... c'est fantastiquement dérisoire....
Mais faudrait savoir ce que vous voulez aussi ! Quand je déconne, vous battez des palmes tout en me demandant en coulisse si "ça va vraiment bien ? t'es sûre ?", et quand je ne déconne pas... pareil !
Résumé :
Non, ça ne va jamais bien.
Oui,
j'aime bien déconner quand j'ai bu.
Non
, ça ne peut pas être mieux demain qu'aujourd'hui.
Oui
, Georges m'a appelée aujourd'hui et on a causé d'Emir Kusturica pendant une bonne heure.
Non
, je ne me passe plus autant le Liebestod du Tristan und Isolde de Wagner en boucle comme ces dernières semaines. Litanie récurrente.
Oui
, j'ai une idée de l'album de Juin si je suis toujours là.
Non
, je ne le vous dirai pas...


Donc.... les Beastie Boys pour remettre les esprits échauffés au mode "je ne suis peut-être qu'un beau V-Twin mais je sais me tenir, môôôôa"...
Sabotaaaaaaaaaaaage !



mercredi, mai 18, 2005

Là...



... mais pas tout à fait là non plus.

Je me suis décidée à jeter un regard au travers du Perspex Dome. Pas plus. Pas plus loin.

Tell all my friends
I have gone to the moon
Tell all my friends
I will write them soon
And tell them
If you see them
That I am better left alone

'Cause I'm living up here where the air is thin
And where gravity don't bring you down
Yeah I'm living up here and I'm watching your universe cooling down

I spend my days beneath a perspex dome
I think that I have finally come home

So tell them
If you see them
That I am better left alone

'Cause I'm living up here where the air is thin
And where gravity don't bring you down
Yeah I'm living up here and I'm watching your universe cooling down

Yeah I'm living up here where the air is thin
And where gravity don't bring you down
I'm living up here and I'm watching your universe cooling down







Plus tard peut-être.
Ou jamais.
Je ne fais pas de promesses que je suis incapable de tenir.
Ça vaut mieux pour vous comme pour moi.

Merci.

lundi, mai 09, 2005

Coup de grâce

J'ai senti la lame fouailler mes entrailles comme aux pires temps du cauchemar.
A l'instant.
J'ai senti le sang jaillir à l'intérieur.
Une explosion dans la tête.
Blanc.
Plus de souffle.
Est-ce que c'est le moment que j'attendais ?
Est-ce que c'est le signal ?
Je n'arrive plus à penser. Tout tourne et je vacille comme une planète folle qui aurait perdu son axe.
Je vois juste son nom inscrit sous mes yeux.
Comme une parenthèse qui se clôt sur mon coeur et mon âme en charpie.
Comme si je n'existais déjà plus.

Le temps du cauchemar est revenu. Et cette-fois-ci, je n'en réchapperai pas.

C'est une rue très droite. Je n'en vois ni le début ni la fin. Elle pourrait être anglaise ou nord-américaine par sa largeur et la hauteur des immeubles qui la bordent. En tout cas, elle n'a rien de méditerranéen ou d'oriental. Elle peut être nordique aussi. D'un côté, les immeubles et les maisons sont magnifiques et assez bourgeois, cossus et élégants. Il y a des volées de marches devant les portes d'entrées, de hautes fenêtres à encadrements de pierre ouvragés. C'est ancien mais en parfait état. Les arbres qui balisent régulièrement le trottoir, très vaste, sont taillés avec soin. Des prunus en fleurs. Feuillage pourpre sombre et luisant, floraison d'un blanc rosé très délicat. Il fait beau mais sans insistance. Un temps de printemps. Pas d'été.

De l'autre côté de la rue, il y a l'erreur.
Au tout milieu d'une identique beauté régulière, quasi grecque, il y a un bâtiment immense dans le même esprit mais comme si l'architecte avait été jusqu'au bout de ses rêves et de ses chimères. Ça se rapproche de l'art nouveau, des folies de Gaudi. Les ouvertures ne sont pas rectilignes mais ouvragées comme des lianes de fleurs exubérantes. Il y a des gargouilles étranges, ni repoussantes ni terrifiantes mais très fantastiques. C'est un immeuble ou un gigantesque hôtel en ruines. Il est très légèrement en retrait par rapport à l'alignement de la rue car il y a un espace vert qui le précède, un jardin plein d'herbes folles, de ronciers, d'arbres tordus, déchiquetés et inquiétants. On voit des lézardes courir le long des façades, des blocs de pierre tombés des encorbellements jonchent le pied du bâtiment. Toutes les fenêtres sont ouvertes ou leurs carreaux sont brisés. Il y a des groupes de jeunes un peu partout. C'est bruyant et tendu. Chacun épie l'autre sans en avoir l'air. Ce sont des routards ou des sans-abris. Ils sont vraiment très jeunes. Je ne suis d'aucun de ces groupes qu'ils forment ou qui se défont au gré de disputes ou de querelles. Je suis assise contre la façade. Tu es assis juste en face, de l'autre côté de la rue. On ne se regarde pas.
Pas vraiment.
De temps en temps, un bref coup d'œil comme si on attendait quelque chose sans savoir exactement quoi. Tu discutes de ton côté avec des personnes que je ne connais pas. Tu as l'air fatigué, las, triste, comme si la conversation ne t'intéressait pas, ne te surprenait en rien. Tu parles mais comme si ce que tu disais ne te concernait pas. Comme une récitation, un rôle convenu. Je souris intérieurement de te voir jouer ce personnage, le peaufiner, l'alimenter. De mon côté, je ne parle à personne, je reste murée dans un silence méfiant et têtu. Le spectacle d'en face me suffit et me désole à la fois. Rien de bien nouveau, jamais rien.
Sans que je m'en sois aperçue, un groupe de filles et de garçons se poste tout autour de moi. Ils m'observent et me jaugent et je fais très attention à ne pas leur montrer que je m'en suis rendue compte. Mon attitude les agace rapidement parce que je n'ai pas su camoufler mon indifférence à leurs regards. Il l'ont pris comme une manifestation de mépris probablement. Je suis ligotée par ma crainte et ma méfiance. La seule façon de dénouer la situation serait de leur adresser la parole pour m'expliquer mais je n'arrive pas à m'y résoudre. Je me rends parfaitement compte que mon attitude paraît hautaine, orgueilleuse. Impossible de parler, de leur dire quelque chose qui détendrait une atmosphère qui se fait de plus en plus pesante. C'est pourtant eux qui font le premier pas. Maladroitement, ils commencent à me héler, me lancer des piques, sans réelle agressivité. Comme des gosses qui cherchent à se faire remarquer mais sans intention de me blesser vraiment. Je reste froide et distante. Je sais que j'ai tort, que ce n'est pas mon intérêt mais je m'obstine dans cette attitude. Je ne veux pas plus les blesser qu'eux mais je ne parviens pas à me décider à rompre ma solitude voulue, à céder à cette forme d'injonction.
Tu as vu leur manège et te fais plus attentif. Tu es visiblement inquiet mais n'interviens en aucune manière. Tu continues de parler avec un tout petit peu plus de fébrilité. De mon côté, je tente de m'éclipser. Je me lève et je rentre dans l'immeuble dévasté. Les pièces sont ouvertes à tous les vents. Je grimpe les escaliers mais ne jette qu'un coup d'œil distrait aux étages. J'arrive dans une sorte de grenier aux fenêtres mansardées, des chiens assis, des tabatières, des hublots bizarres. Je me sens très mal à l'aise mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi. C'est froid, vide. Il y a des cordes qui pendent aux poutres du toit. Leurs ombres forment comme un ensemble de barreaux de prison. Je me sens de plus en plus oppressée et j'essaie de respirer lentement, posément.
Rien à faire.
Je suis obligée de redescendre. L'escalier a changé dans l'intervalle. A l'aller, il était de pierre mais là, les marches sont brinqueballantes, de bois, pleines de trous. Je fais très attention à ne pas tomber mais plus j'avance, plus les marches se font espacées. Je suis parfois obligée de sauter pour pouvoir continuer à descendre. Il n'y a plus de rampe et je vois le vide de la cage centrale. En bas, il y a la lumière du jour très brillante. Une tâche qui m'aspire. Je me colle au mur extérieur de l'escalier pour ne pas être happée par ce vide. Je continue de descendre le dos collé à la paroi. Je m'écorche souvent mais je sais que ça n'a aucune importance. Je ne ressens pas la douleur. C'est comme si mon corps était non pas insensible à tout mais juste à la douleur. Je sens les aspérités mais elles ne me font pas mal. Je sens pourtant le sang qui commence à couler dans mon dos. Il est tiède, poisseux et désagréable.
J'arrive tout de même au rez-de-chaussée. L'atmosphère y est encore plus fébrile comme si ma fuite ou ma désertion avait fait grimper la tension de quelques degrés supplémentaires. L'agressivité est maintenant manifeste, une forme de colère, de haine, presque.
Tu es toujours là en face, à jouer ton rôle d'interlocuteur détaché. J'essaie de reprendre ma position, à l'écart des autres, contre la façade mais petit à petit le groupe qui me cherchait noise se rapproche et m'encercle. Les insultes commencent à pleuvoir, des insultes qui cachent mal le reproche de mon silence. Je ne dis pas un mot. J'ai l'impression que je n'arriverai pas à dire un mot de toutes façons. J'ai la bouche sèche, une boule de pierre à l'intérieur de la gorge. Et puis les couteaux sortent. Au début, je crois que c'est juste pour m'impressionner et me faire céder donc je ne réagis pas. Tu as tout vu mais tu ne bouges pas. Juste ton regard qui se fait plus effrayé. Comme si tu savais à l'avance ce qui va se passer.
Ils se rapprochent de plus en plus et à leurs yeux, je comprends que le point de non-retour est atteint. Que j'ai touché la limite, comme d'habitude. Qu'il n'y aura pas de rattrapage possible.
Je suis lasse mais pas vraiment étonnée ou effrayée. Je me redresse et m'appuyant au mur comme une protection, je fais face et je sors mon couteau. Je vois leurs sourires, bizarre mélange d'excitation, de peur et de plaisir.
Nous y sommes.
Les manœuvres d'intimidation, les petits plongeons bras tendus, lame en avant, commencent. Comme des petits tests au début et puis plus francs, plus délibérés au fur et à mesure que je pare aux coups. Je suis incroyablement concentrée sur ma défense, attentive au possible. Je n'ai pas peur mais je ne veux pas perdre aussi vite. Peut être pas du tout, en tout cas pas encore. Malgré tout, par brefs éclairs, je prends le temps de te regarder. Tu ne bouges pas d'un cil. Tu as les yeux fixés sur moi, un peu écarquillés parce que tu réalises que ce n'est pas un jeu. Je te vois respirer vite, très vite. Tu restes debout, seul, tes amis sont partis, effrayés. Il ne reste plus que toi sur le trottoir d'en face qui s'est vidé des passants ordinaires et bien propres à ton image.
Il ne reste plus que nous, en face, mes assaillants et moi. Je continue de me défendre avec précision mais acharnement. C'est comme un ballet, froid, chorégraphié à l'économie, rapide, de plus en plus rapide. De temps en temps, un coup d'œil vers toi qui continue à avoir ce regard fixe, figé, paralysé mais tout de même attentif. Ça dure un bon moment ainsi. Ils ne parviennent pas à me toucher. C'est comme si tes yeux sur moi formaient comme une bulle d'invincibilité, un champ de force qui me donne l'agilité nécessaire pour parer à tout. Je ne me sens même pas fatiguée. A un moment, je te regarde de nouveau et là, tout d'un coup, je réalise que ton regard s'est modifié. Il est devenu las, ennuyé, quasiment agacé, un mélange d'impatience et de dégoût. Et enfin, tu détournes les yeux.

Bizarrement, à cet instant précis, je comprends et j'accepte. J'accepte ce regard qui fuit.
A ce moment, je ressens tout d'un coup la fatigue. En tout cas une forme de fatigue, pas forcément physique.
Je baisse la garde presqu'avec soulagement. Je sais que je n'ai plus aucune raison de me défendre ou de me battre. C'est un mélange de résignation et de paix.
Le premier coup de couteau qui vient, je le reçois sans même vraiment le sentir. Je ne sens pas de douleur quand la lame pénètre la chair. Un moment parfait.

Il a détourné son regard.
Il a détourné son regard...

Je n'existe plus.

jeudi, mai 05, 2005

Something I can never have

Tu n'avais pas saisi tout de suite que c'était jour férié.
Depuis le temps qu'ils s'enchaînent sans autres repères qu'une machine humaine à mettre en route sans destination, sans but, sans justification...
Et puis le tabac qui vient à manquer, et puis le rideau de fer baissé de ton dealer favori.
Il faut chercher, aller plus loin que les 400 mètres de périmètre qui sont devenus ton enclos de louve apeurée et agoraphobe.
Petite bruine fraîche sur rues désertées, plafond bas d'un gris perle que tu t'entraînes à ne pas trouver menaçant.
Méthode Coué.
Tu les as, tes deux paquets d'Amsterdammer blond et ton paquet de Rizla+ Original...

Et là, au sortir du bar-tabac enfumé où tu as failli te mettre à hurler de terreur parce que deux ou trois piliers avinés entonnaient faux des chants basques antédiluviens et que ton cher silence t'avait paru menacé de mort par des nervis armés de coutelas de chasse, tu retrouves la rue parfaitement déserte.
Idée saugrenue.
En profiter pour s'aventurer plus loin...

Il y avait le CD de "And all that could have been" de Nine Inch Nails dans le lecteur.
Tu as roulé au hasard dans la ville, t'arrêtant à des feux rouges où nulle voiture ne te faisait face ni ne te croisait.
Juste le ruban de bitume brillant de goutelettes diaprées sous tes yeux. Personne. Personne. Personne.
Ta ville comme le Malevil atomisé de Robert Merle.
Tu es la seule survivante d'un monde haïssable qui n'a eu que ce qu'il méritait.
Tu réfléchis... Tu as ta tente, ton hamac, ton cerf-volant de combat, ta canne ferrée de randonnée, ta boussole et tes bouteilles d'eau dans le coffre. Comme toujours.
Tout va bien.
Tu respires...
Tu roules, tu roules, tu roules...
Mais pourquoi les feux rouges continuent-ils de fonctionner puisque c'est la fin du monde ?

Et là, tu te réveilles. Personne n'a appuyé sur le bouton rouge.
Rentrer. Vite.
C'était trop beau.
Rentrer. Grimper tes escaliers quatre à quatre. Refermer la porte. Ton lit, par terre, et l'oreiller que tu serres convulsivement contre tes yeux.
Mais toujours la voix de Trent Reznor dans ta tête qui te murmure :

I still recall the taste of your tears
Echoing your voice just like the ringing in my ears
My favorite dreams of you still wash ashore
Scraping through my head 'till i don't want to sleep anymore
EDIT du 06/05/2005 : Il y a longtemps, j'avais la video et le fichier audio d'une espèce de MTV Unplugged de Nine Inch Nails, aka Trent Reznor, piano de concert et basse acoustique, pièce aux plafonds hauts et moulurés, bougies ambrées et voiles de lin volant au vent d'une nuit à Chicago dont la magie était tellement prégnante qu'on ne pouvait en détacher ses yeux... Je les ai perdu au gré des caprices d'un PC qui avait décidé de mourir de colapsus impromptus...
Heureusement, j'ai au moins réussi à récupérer le fichier audio.
Cette version de "Something I can never have", iconoclastiquement, je la place au même niveau que le "Nessum dorma" de Di Stephano ou le "Liebestod" de Kirsten Flagstaad... eh oui !
Même les variations piano d'Arcadi Volodos sur le Cendrillon de mon Sergei Prokofiev que si j'avais un Dieu, ce serait lui....

Et je l'ai retrouvé !
Alors je vous l'offre...




mercredi, mai 04, 2005

Je suis un mensonge qui dit la vérité

Psyché : Bonjour, père de moi, c'est fille de toi. Tu vas bien ?
Georges : Salut, ma poulette. Ça va comme un vieux... (.. c'est mal parti...)
Psyché : Tu dis ça à chaque fois.(... ça part définitivement mal...)
Georges : C'est chaque fois plus vrai. (... c'est bien ce que je pensais...)
Psyché : Mais pour moi aussi, Papa ! Pour tout le monde, enfin !!! (... plus minable comme dénégation, on fait pas trop...)
Georges : Quand on y est vraiment, ça n'a plus le même sens. De toutes façons, je suis le seul champ d'application où ta lucidité est dangereusement défaillante. (... et allez donc... une couche de compliment sur les multiples couches de désespérance...)
Psyché : Même pas vrai. (... dit-elle en mentant comme un arracheur de dents...)
Georges : Allons-donc ! Tu n'as jamais su mentir ! (... 1 point pour toi...)
Psyché : ... (... "glups", fait-elle...)
Georges : Ah ! Tu vois ! (... Papa ! Arrête !)
Psyché : Je ne vois rien du tout, c'est le fil du téléphone qui vient de s'entortiller autour de Joey ! (...même pas vrai...)
Georges : Tiens ! Elle va comment ta serpillière à poils longs ? (... je sais qu'il s'en fout royalement mais qu'il veut juste me sauver la mise...)
Psyché : Elle va comme un truc à poils longs, c'est-à-dire qu'elle en perd partout et que j'aime pas passer l'aspirateur (... de l'art d'attraper les perches qu'on vous tend avec amour...)
Georges : Qu'est-ce que tu lis en ce moment ? (... seconde bouée de sauvetage pour fille en fragments qui se noie...)
Psyché : (... soulagée...) Un truc terrible ! "Les YesMen ou comment démasquer l'imposture néolibérale", ce sont deux activistes américains, génies de la guérilla-communication, qui passent leur temps à ridiculiser les grandes institutions économiques et financières. Là, c'est comment ils se sont fait passer pour deux membres de l'OMC et se sont fait acclamer au sommet de Seattle avec les propositions les plus délirantes qui soient... à mourir de rire !
Georges : Te presse pas... je passe avant...
Psyché : ... (...là, c'est sûr, il va mal pour retomber dans le morbide dont j'exige d'être la seule spécialiste dans la famille...)
Georges : Et ils sont parus où tes zouaves ? (... il a senti le "blanc" et se rachète illico...)
Psyché : A la Découverte. Je te le prêterai.
Dis ? Tu ne t'es pas trop crevé au jardin ? Avec ce beau temps, je suis sûre que tu as passé ton temps dehors ! (... il ne niera pas... c'est l'évidence !...)
Georges : Ça va. Mais tu vois, j'étais bien content que la pluie revienne aujourd'hui. Ça me fait une excuse pour ne pas constater qu'il me faut un quart-d'heure pour me relever... (... Tu m'emmerdes à pointer les signes précurseurs de la fin... Est-ce que je le fais, moi ?...)
Psyché : Ça date pas d'hier ! Tu as toujours été raide comme une planche à repasser ! (... c'est vrai mais je sens que ça ne sera pas suffisant...)
Georges : Pas pareil. Avant la machine marchait mal, maintenant, elle ne marche plus. (... et voilà ! J'avais raison !...)
Psyché : Tu veux que je vienne te donner un coup de main ? Ça serait plus drôle à deux (... tu la prends ma perche, dis, Papa ? Allez ! Prends-la !...)
Georges : Avec plaisir, ma chérie ! Tu essaieras de me faire voter "non", j'essaierai de te faire voter "oui", ça nous fera faire une chouette gymnastique intellectuelle tout en dérouillant nos muscles... (...Yo ! On va se régaler !...)
Psyché : D'ac' ! A la première éclaircie, j'arrive ! (... et comment ! Ventre à terre, oui !...)
... /...

"Ces incessantes et phosphorescentes traînées de la mort sur soi que nous lisons dans les yeux de ceux qui nous aiment sans désirer les leur dissimuler".
René Char

Amertume dans la bouche.
Goût de sang. Yeux noyés.
La partie que nous jouons, tous les deux, devient de plus en plus périlleuse, de plus en plus compliquée, de plus en plus délicate dans la balance entre s'aimer vrai et se mentir par amour.
La trame de la toile devient de plus en plus transparente, usée jusqu'à la corde.
Mais aucun des deux ne veut vraiment céder.
Désespérés, nous continuons nos deux conversations en parallèle : celle qu'on entend et celle du non-dit.

Mais celle du non-dit est de moins en moins dissimulée.
Nos silences et nos regards la hurlent.

mardi, mai 03, 2005

Free Fiona

Ce n'est pas le tout de se laisser distraire par les starlettes autoproclamées de la blogosphère, il est un moment où, comme diraient les deux Hémisphères, il est temps de revenir à l'essentiel du superflu...

Donc, le Renard Gris avait PRESQUE raison !
L'album du mois est... tadadaaaa.... un album QUI N'EXISTE PAS !
Ou qui n'existera pas sans vous (parce que ce n'est pas le TCE qui nous l'offrira, j'vous l'dis !).




Les explications qui justifient cette affiche et non la pochette à laquelle vous auriez pu vous attendre...
Le site alternatif de Fiona Apple puisque son site officiel de chez Sony ne souffle mot de l'histoire et encore moins de ce fameux troisième album fantôme...

En écoute, c'est la Radio du mois, donc "NOW & THERE : Fiona Apple"
Et comme je suis excessivement gentille, c'est la seule radioblog au MOOOOOOOONDE qui vous propose non pas 3 Bonus Tracks mais 4 !


dimanche, mai 01, 2005

Etienne : 1 - Versac : 0

Extrait LITTÉRAL de l'émission "Arrêt sur image" de ce dimanche sur la 5.
Je viens de regarder la cassette... et j'ai repassé cet extrait de multiples fois, d'abord parce que je ne suis pas sténo et que je ne voulais pas rater un seul mot, ensuite parce que j'en suis restée bouche-bée...
Schneidermann : Donc quand Etienne Chouard dit "Si c'est illisible, je ne signe pas"...
Versac : Ben non, moi je lui dirais "Abstenez-vous"...
Etienne Chouard : Ben non. Quand on s'abstient, on laisse les autres voter à sa place. Non ! Non ! Il ne faut pas accepter l'abstention. Sur un texte aussi central qui détermine aussi directement nos libertés, notre protection contre l'arbitraire, il est vraiment essentiel que chaque citoyen puisse lire le texte et le contrôler...
Je ne sais pas pour vous, mais comme dirait Jojo l'Affreux "Ita missa est"...

Parce qu'on va dépiauter le truc en question maintenant.
La discussion tourne donc autour de la lisibilité ou de la compréhension du texte.
Première interprétation : le texte est illisible.
La faute à qui ? Au lecteurs ou aux rédacteurs ? Aux seconds, c'est l'évidence !
Donc, si les rédacteurs ont fait un boulot de saloupiots, c'est le lecteur qui doit être pénalisé en lui interdisant de se prononcer ?
Waouh ! J'avais pas vu la démocratie comme ça...
Même pendant nos chères études, quand on rend un devoir illisible à son prof, on se le reçoit dans les gencives tel un boomerang avec un sec "A Refaire ! Et t'as deux jours pour me présenter un travail correct sinon c'est quatre heures de colle !"

Deuxième interprétation : le texte n'est pas compris.
Pareil.
Invitation faite à l'électeur d'aller à la pêche puisqu'il en est devenu un citoyen incapable, le pauvre ! C'est vrai quoi ! On va pas laisser les crétins voter, quand même !
A la limite, je me demande pourquoi on ne rétablit pas le suffrage censitaire ou un test genre QI pour avoir le droit d'avoir un avis... ce serait tellement commode !

C'est beau comme de l'antique ! Et tellement révélateur de cette arrogance qui rentre parfaitement dans le cadre de ma liste de "conditions pour être un bon oui-ouiste" !

Je passe (parce que je suis bonne, façon Haroun El Poussah) sur la bourde colossale qui consiste à promouvoir l'abstention, fléau mortel et virus HIV de toute démocratie vivante et contre lequel tout pays libre qui se respecte lutte avec acharnement.
C'est pure charité de ma part : on ne tire pas sur une ambulance...

Monsieur Versac a sûrement un brillant avenir de cadre commercial mais pour ce qui est de la citoyenneté de base, je lui préconise un très très très long stage, genre devoirs intensifs de vacances.
Ça tombe bien, l'été est à nos portes.

Et pour le plaisir...
Schneidermann : Jusqu'au dernier moment, vous pouvez changer d'avis ?!
Etienne Chouard : Mais bien sûr ! A partir du moment où on réfléchit et on écoute les autres, il faut qu'on soit prêt à changer d'avis. C'est un a priori essentiel. Si je discute en sachant que je ne vais pas changer d'avis, la discussion est close...

Choisis ton camp, camarade !

La nature a horreur du vide


Chaque matin, elle sentait le trou dans sa cage thoracique.
Chaque matin.
Elle avait beau essayer de refermer les yeux et de faire comme s'il n'était pas là, de faire comme si l'anti-matière en elle n'existait pas, c'était trop tard.
Il aurait fallu ne pas se réveiller...
Jamais...
Enfin...

Elle ne saurait jamais si c'était son corps qui s'était défendu de la seule manière qu'il avait pu dénicher, en bête affolée prise au piège.
Combler le trou avec une tumeur.
Évitement tortueux.
Expédition punitive.
Sauf que ce serait un peu plus long avant de ne plus jamais se réveiller face à la béance en elle.
L'absence en elle.

En attendant, les yeux fermés, elle remplissait ce vide avec un ciel, des étoiles, ailleurs, au bord d'un lac alpin à l'onde surnaturelle.
Morphine intime en suspension qui lentement s'instille dans ses veines où coule un sang noir d'ébène et de deuil.
Et il se construisait, ce paysage intérieur.
Patiemment.
Par petites touches.
Un peu à la manière d'un Seurat.

Une fois sa toile intérieure peinte, elle se retirait profondément en elle et s'allongeait sur l'herbe rase des rives du lac, la joue posée sur cette terre inconnue, chaude et palpitante comme sa poitrine à lui.
Elle écoutait battre le coeur de sa terre, battre son coeur à lui.
Et la mélopée bourdonnante du sang qui pulse, des moindres petits froissements de muscles, de la plus petite respiration, finissait par lui offrir un autre sommeil en attendant la torture d'un autre réveil.
D'un autre matin.
Demain matin.
Encore un.

Grâce...