dimanche, janvier 16, 2005

Murmure emmuré

On se raconte pour ne pas oublier à quel point nous sommes ligotés par ces mots qui nous extirpent de notre solitude, de notre angoisse, de notre insuffisance, à quel point nous sommes ces êtres qui ne peuvent exister que pour et par autrui, son echo, sa résonance, son regard.
Le trop de parole nous maquille, nous offre tous les jeux de masque, toutes les danses du corps parlé.
Pour ne pas vaciller, pour ne pas tomber là où le silence règne, lieu sans désir autre que l'autosuffisance.
L'ivresse de la parole nous permet de ne jamais dessoûler, de ne pas nous exposer à notre solitude.
Tisser des liens avec des mots, les coudre les uns avec les autres.

Mais quand tu parles, si tu parles, tu sais qu'il y a un gouffre entre ce que tu dis et ce qui est dit.
Parler te divise, te coupe, te dédouble.
Parler te sépare de toi-même et nie le silence qui, lui, te sépare des autres.
Impossible unité, insaisissable rencontre.

Opacité et duplicité de la parole, transparence et vérité du silence.
Transparence et violence.
Douceur et douleur de ton silence.
De nos deux silences.

vendredi, janvier 14, 2005

C'est idiot

"Il faut être avide d'absolu pour envisager le suicide".
Emil Cioran, Le mauvais démiurge
Mais qui veut affronter la profondeur de l'absolu ?
L'art, la philosophie, les sciences font, parfois, que le monde est grand, que le monde est beau..
Il n'y a pas que les oiseaux et les avions qui ont des ailes.
Les idées peuvent en avoir.
Comment faire pour que les idées ne retombent pas.

"Tout ce qui retombe est affreux"
Cocteau, dans L'aigle à deux têtes.
Comment rejoindre l'essentiel ?
Comment rendre l'essentiel ineffable ?
Comment ouvrir l'espace ?

Je ne me souviens plus pourquoi.
C'est idiot.



Edit : Coup de fil de Georges ce soir....


Georges : Bon.... alors ? Tu décroches, ma poule ?
Psyché : (le temps d'éteindre le répondeur branché en permanence) ... Laisse-moi le temps de faire le tour de la biblio quand même !
Georges : Ce qui veux dire que tu es encore dans ta chambre... si on peut appeler ça une chambre !
Psyché : Ben quoi ? Ergonomiquement, c'est nickel ! J'ai tout sous la main !
Georges : A se demander pourquoi tu vis dans 120 m2 avec cheminée si c'est pour rester dans 20m2...
Psyché : .... euh.....
Georges : Bon. J'arrête.
Psyché : C'est ça. Tu fais bien.
Georges : Tu fais quoi demain vers midi ?
Psyché : Ça dépend. Si je dois faire un café atomique pour mon père, je me lève à 11 heures. Sinon, je dors.
Georges : T'essaie de me culpabiliser ou quoi ?
Psyché : Moi ???????
Georges : Te fiches pas de ma trombinette...
Psyché : Ben vu l'état de la trombinette en question, j'oserais même pas....
Georges : C'est délicat, ça...
Psyché : Dis, mon papounet, si je te disais que ta tronche en pente façon masque de tragi-comédie italienne ne m'avait même pas attiré l'oeil, tu dirais quoi ?
Georges : Que t'es une sacrée menteuse !
Psyché : Ben voilà...
Georges : Donc si je passe demain pour qu'on revoit certains des articles du bulletin des historiens, t'as rien contre ?
Psyché : Non seulement j'ai rien contre mais tu viens enfin de me donner une bonne raison de me lever....
Georges : Tu pousses....
Psyché : Non.... Mais je t'aime. A demain, Papa !
Georges : A demain, ma chérie.

Il en faut très peu pour avoir une raison de se réveiller, finalement.
Et quand il ne m'appelera plus ?
Et quand ses metastases auront doublé les miennes ?


Des armures et des masques...


"L'amour (ou l'amitié) se trouve toujours en dissidence - car aller vers l'autre c'est aller vers la différence, c'est désirer la mutuelle reconnaissance par la différence. Ce qui bien sûr est contraire au "social" dont la vertu essentielle est l'unanimité - donc l'indifférence."
Rezvani, J'avais un ami, 10/18
Armures et masques... langue morte, cri silencieux d'un être parlant qui ne sait pas dire, qui ne peut pas dire, qui ne veut pas dire.
L'écriture est le cri silencieux de la dissidence contre l'indifférence.


Calm like a bomb




Il y a des jours comme ça...

Des jours où on devrait doubler la dose de Xanax ou opter pour la solution Ab'Fab' et se décaper les intestins avec n'importe quoi qui fait des bulles et titre au-dessus d'un bon 13°.

Ça a commencé avec une saine colère quand j'ai réalisé que le brillantissime et ô combien instructif film "The Corporation", sorti le 29 décembre dernier, n'était donné (en France à tout le moins) que dans 3 SALLES SUR TOUT LE TERRITOIRE.
Vous avez très bien entendu : 3.
Une à Paris, une à Lille et une à Achères (ou un nom de ce genre... ne me demandez même pas où ça se trouve et si vous le faites quand même, je vous maudis jusqu'à la quinzième génération pour avoir osé mettre en difficulté une rejetonne de géographe).
Vous voulez savoir de quoi ça cause ? Vous allez et ... et ne ratez sous aucun prétexte les interviews de Jennifer Abbot, Mark Achbar et Joel Bakan.

Seconde couche mais dans la futilité : mon serveur Lycos est plein et me voilà frustrée à mort de ne pas pouvoir garnir la Bande-Son. Je passe la moitié de l'après-midi à chercher un hébergement gratuit digne de ce nom et soit ils n'acceptent pas les fichiers de plus de 1 Mega (et je fais comment, moi, pour coller les transcriptions piano de Volodos, hein ?), soit ils n'acceptent pas le Php, soit ils disent que oui.... mais en fait, c'est non... bandes de moules à gaufres !
Je finis par trouver un hébergement qui m'offre, tenez-vous bien (mais tenez-vous mieux, bon sang !) 1 GIGA d'espace.... et cette nouille malgré ses promesses refuse mes redirections pour vous en mettre plein les oreilles...

Troisième service et là, j'explose : voilà t'y pas que j'entends dans mon dos (je ne regarde pas la TV.... je l'écoute.... sinon, c'est torticolis assuré) une pub pour un canard qui s'appelle Choc (je crois), apparemment un truc spécialisé dans la photo qui serait au Monde Diplomatique ce qu'est Voici.
Et, en gros, après l'accroche du genre "les photos les plus incroyables, les plus trash, les plus indiscrètes des people et cie"", la voix de péripatéticienne louche qui susurre ses grosses saletés finit en disant "Ce mois-ci, en achetant Choc, vous participerez à l'aide humanitaire contre le tsunami".

QUELQU'UN A UN TUBE DE VOGALENE ???

C'est bon. J'ai ma dose. Ce soir, je vais me taper au moins 4 épisodes de rang de "The West Wing" et finir ma nuit en me replongeant dans "La fabrique de l'opinion publique" de Noam Chomsky.

Après, je serai calme.
Très calme.
Aussi calme qu'une nécropole post-nucléaire.
C'est dire.

mardi, janvier 11, 2005

I'm Jack's Wasted life

Dans 3 jours, Papa en aura fini avec la radiothérapie.
Demain, je vais l'aider à finaliser un article sur l'école et les deuils à Pardies au 18ème siècle.
C'est ça les historiens à la retraite... ils ne peuvent pas s'empêcher de continuer à farfouiller, étudier, diffuser, enseigner...

Un mois et demi pour sortir la tête du torrent de boue et des dégoulinades de confiture rance et putassière.
Xanax + Seropram : 1
Psyché : 0

Il n'y avait que la vieille équipe de Hara-Kiri pour être "bête et méchante" avec talent et intelligence.
Dans la vie quotidienne, ça donne juste des nuisibles décevants, des bateleurs d'estrade aux chevilles enflées et aux ego surdimensionnés, des faussaires du sentiment.
Salut Professeur Choron ! Tiens moi une place au chaud, le plus près des flammes ou du radiateur si possible : j'arrive !

Un grand merci au passage à 101010 et Georges Number 2 pour des raisons fort différentes mais dont la conjugaison a finalement eu un semblant de résultat.
Ils ne savent pas pourquoi mais moi, oui.

C'est comme dans Fight Club.
Vous prenez du jus d'orange surgelé, ça n'a pas grande utilité à part étancher la soif.
Vous prenez de la litière à chats, ça encombre mais ça ne fait pas de mal.
Vous mélangez dans des proportions de 3/3 avec de l'essence et ça donne un explosif ultra-puissant...
J'ai juste ressorti mes bidons d'essence et voilà tout...


Autoportrait

Edit : Et zut ! J'oubliais quelqu'un ! Mais lui non plus ne comprendrait probablement pas...
C'est Nadar.
Discret, sensible et subtil comme seuls peuvent l'être certains helvètes lausannois...